Antikvariat
Mon envie très forte de retourner à Prague pour la quatrième fois, était surtout motivée par un choc visuel que j’avais vécu en entrant pour la première fois dans un « Antikvariat » (Librairie de livres d’occasion), que l’on trouve en grand nombre à Prague. J’avais été frappée par l’importance, l’omniprésence, des arts graphiques, par la recherche du beau sur une simple couverture de roman ou de disques 33 tours (de 1940 à 1980) et j’étais étonnée que tous ces livres soient si bon marché ! J’avais commencé à en collecter il y a quatre ans, lors de mon premier voyage à Prague.
C’est tout de suite devenu une évidence, que tous ces livres que j’allais collecter allaient devenir « ma matière première », pour « construire » mon travail.
J’y ai découvert l’importance des arts graphiques dans l’histoire tchèque. Du Rondocubisme au collage dadaïste et au photomontage, les couvertures des romans publiés à Prague se sont fait l’écho des grands mouvements qui ont marqué l'histoire de l'art du XXe siècle. J’ai donc passé beaucoup de temps dans ces Antikvariat, à Prague, Ollomoucs, Tabor, et Kudna Hora ; j’ai acheté une soixantaine de livres, d’images, de gravures et de photographies qui m’ont servi en grande partie à alimenter mes recherches et mon travail.
C’est la première fois que ma « matière première » provenait de sources différentes et pouvait aussi être en couleur. J’y ai extrait des formes extrêmement simples, souvent infimes : un rond, des cercles, des traits, des carrés, etc. A partir de ces formes, j’ai appliqué ma méthode de travail de « déconstruction et / reconstruction «. Comme pour chacun de mes travaux, pour me souvenir d'où je suis partie, j’ai fait l'historique de toutes ces nouvelles formes, en relatant leur mutation dans un journal que j’appelle ici « mon herbier ».
Avec ces recherches graphiques, j’ai réalisé 14 collages (format A3), qui eux-mêmes sont devenus ma matière première pour un film, qui lui-même est devenu ma matière première pour un très grand livre en volume.