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La Mode Illustrée

« Ce n’est pas tant de travailler une œuvre dans son ensemble qui m’intéresse,

mais d’en prendre juste un fragment et de l’étudier jusqu’à l’épuisement »

J’ai toujours eu cette obsession d’assembler les images, de les additionner, de voir comment elles fonctionnaient l’une avec l’autre. Associer des images anciennes, des gravures avec une technologie moderne, un logiciel de traitement d’images qui se substituerait à un microscope pour faire ce travail d’assemblage et de construction est très vite devenu une évidence. Ce n’est pas tant de travailler une œuvre dans son ensemble qui m’intéresse, mais d’en prendre juste un fragment et de l’étudier jusqu’à l’épuisement. Jean Arp dit à propos de ses sculptures...

« Ce n’est pas tant de travailler une œuvre dans son ensemble qui m’intéresse,

mais d’en prendre juste un fragment et de l’étudier jusqu’à l’épuisement »

J’ai toujours eu cette obsession d’assembler les images, de les additionner, de voir comment elles fonctionnaient l’une avec l’autre. Associer des images anciennes, des gravures avec une technologie moderne, un logiciel de traitement d’images qui se substituerait à un microscope pour faire ce travail d’assemblage et de construction est très vite devenu une évidence. Ce n’est pas tant de travailler une œuvre dans son ensemble qui m’intéresse, mais d’en prendre juste un fragment et de l’étudier jusqu’à l’épuisement. Jean Arp dit à propos de ses sculptures : « Je ne lâche pas avant que ne soit passé dans ces corps suffisamment de ma vie ». Il se passe la même chose lorsque je travaille.

Ces recherches sur la disparition d’une image, l’épuisement d’une forme, je les ai commencées il y a maintenant six ans en partant de ma collection personnelle de journaux de La Mode Illustrée (1860-1937). Dans ces journaux, j’avais été frappée par les planches « techniques » qui montraient presque en relief, comme des sculptures modernes, des trousseaux pour bébés, brassières, manteaux de bains, corsages, bavettes, bonnets. Leurs formes étaient étonnement simples, très belles, très modernes, en totale opposition avec les tenues très élaborées et chargées des premières pages représentant des robes à crinolines. Il y avait des arrondis, des pleins, des vides, des courbes, des lignes droites, sinueuses, tordues, ondulées, carrées, pointues.

Les premiers assemblages que j’ai réalisés étaient assez simples. Les gravures que j’ai extraites de ces journaux je les ai à peine transformées. Je les trouvais assez fortes. Puis j’ai très vite compliqué l’exercice, je l’ai fait évoluer. J’ai vu que je pouvais aller plus loin dans l’utilisation de ces images, dans leur transformation. J’en ai pris seulement des extraits comme une simple matière première, un morceau de terre. Ces extraits d’une manche, de tournure, de dentelle, le bas d’un costume, d’un éventail, je les ai mis en miroir, multipliés, croisés avec d’autres tout en travaillant les couleurs par couches successives. J’ai réinventé de nouvelles formes à partir de ces images initiales. Je les ai épuisées jusqu’à les faire complètement disparaitre. Les motifs de base n’étant plus identifiables, reconnaissables dans le dessin final. Ces premières recherches ont donné́ lieu à de grandes planches imprimées, planches que j’ai voulues à leur tour réinterroger à travers le volume.

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« Historique », décrivant la construction des motifs du livre Métafolium 2016 (photo à droite).

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La chevelure, technique mixte-collage, 103x154 cm, mars 2020
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Cette série de 16 collages marque la fin de mes recherches à partir des journaux de La Mode Illustrée. Recherches sur la disparition d’une forme commencées en 2012.

De ces journaux que j’avais déjà exploités jusqu’à l’épuisement, j’ai encore voulu extraire des formes extrêmement simples et presque microscopiques : un rond, un trait, un O de l’alphabet. J’ai composé avec ces trois éléments pour aboutir le Chaotique ballet.

Ces journaux sur la mode parlent du corps à travers les vêtements qui y sont présentés.
Ce Chaotique Ballet, je l’ai voulu comme une partition  qui mettrait en mouvement ce corps.  


 

Chaotique Ballet ou Pour en finir avec La Mode Illustrée

Books
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Le format du livre qui s’ouvrirait comme une galerie, et se poserait comme une sculpture s’est rapidement imposé à mes constructions. Il me permettait d’aller encore plus loin, jouer avec le fond et la forme même. Prolonger le jeu des lectures en changeant l’ordre des pages, en créant de nouvelles combinaisons et en associant les motifs. S’emparer de l’objet, le prendre en main, le manipuler, tantôt à plat, tantôt debout, déroulé ou replié.

 

Pour créer mes premiers livres, je n’ai pas voulu imaginer de nouveaux motifs, mais travailler comme je le fais, à partir de l’existant. Ici, ce sont mes propres dessins, mes planches imprimées que j’ai réinterrogées, explorées, en faisant remonter à la surface du visible leurs étapes de construction. Ces formes fantômes, qui n’existaient que dans la mémoire de mon ordinateur, je leur ai donné le premier rôle. Je les ai imprimées, extraites du papier en les découpant, puis réassemblées entre elle, pour créer une nouvelle forme, un nouveau dessin mais qui cette fois serait en volume, en mouvement.

 

À partir de mes recherches sur les journaux de La Mode Illustrée, j’ai construit huit livres :

2015 - Fatma, pop-up réalisé à partir du livre de Geert van Istendael «Fatma of the monumenten zorg (2003), 96 pages, format A5.

2016 - Trompe l’œil, livre à système, 22 pages assemblées en leporello, 20 x 20 cm.

2016 - Métafolium, livre à système, 12 planches, 20 x 20 cm.

2017- Pas Perdus , livre pop-up panoramique, 2 pages, 43,5 x 20,5 cm. Collection des Médiathèques de l’Eurométropole de la Ville de Strasbourg. Acquisition : Juin 2020.
2017- Détours, livre pop-up panoramique, 3 pages, 47 x 19,5 cm.
2017 - Follia, livre pop-up de 6 doubles-pages, accompagnées d’un livret racontant la construction des motifs d’après «La Mode Illustrée», 20 x 20 cm.
2018 - Pièce montée, pop-up panoramique, 6 pages, 40 x 23cm.
2018 - Fric-Frac, pop-up de 6 doubles-pages, format A3, 356 x 29,7 cm.

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